Hanzô Higure (Terminé)

Ce jour là, l’Ether était chargé de lourds nuages noirs. Le vent du nord hurlait dans les grands pins de la forêt tandis qu’au dessus de la cime des géants épineux, étincelaient de temps à autres des éclairs, zébrant cruellement la voûte céleste. La forêt du sud de Calvert était sinistrement réputée pour les dangers qu’elle abritait sous ses feuillages sombres. Brigands, prédateurs, plantes vénéneuses, chemins accidentés, ravins …l’endroit parfait pour établir une guilde noire. Nightmare Weavers … Les tisseurs de cauchemars. Il s’agissait de la guilde assassine le plus redoutée et la mieux organisée de la région. Situé au cœur de la forêt, elle était né il y a plusieurs décennies de cela, infectant depuis la région de ses activités meurtrières. Accrochés à des troncs d’arbres morts de plusieurs mètres de large, la structure conique de son unique bâtiment s’élevait audacieusement vers le ciel gris, au-dessus d’une forêt d’épine. Seul lien entre l’édifice et le monde, une passerelle de métal se déployait vers l’orée de la clairière. Le cône suspendu, dominant de ses 150 mètre (sans compter sa distance au sol) la vaste clairière, était agité d’une étrange frénésie aujourd’hui. En effet, la guilde avait pris l’aspect d’une véritable ruche bourdonnante d’activité contrairement à la normale. Sur la passerelle, on se pressait sans ménagements. Soutenu par deux de ses camarades qui portait son poids sur leur épaules, un blessé boitillait vers une silhouette gigantesque qui venait d’émergeait du bâtiment. 2 côtes brisées et une jambe cassée. Pas trop grave. Mais l’expression sur le visage de l’homme en disait bien plus. Un mélange de peur et de frustration. Il accéléra le mouvement pour réduire l’attente de son maître et quand il fut à deux pas du corps déformé par sa propre musculature de l’homme imposant il articula :

« Un gamin…un fichu mage, il a repéré notre escadre de guetteurs et on a était obligé de l’attaquer…Il …il …on a rien vu venir…il nous a juste balayé hors de son chemin sans un regard en arrière et il se dirige vers ici…j’ai eu la chance d’être rester conscient et j’ai rappliquer ici aussi vite que mes... que ma jambe me l’a permit ».
Sur ces derniers mots, il regarda avec un rictus de douleur sa jambe qui ballotait mollement au-dessus du sol.

L’homme massif qui était leur chef renfrogna un grognement agacé. Il leva les yeux vers le nord. À travers les denses feuillages qui s’élevait dans son champ de vision, il tenta de discerner quelque chose, un signe, une silhouette… D’ici même il pouvait sentir une présence. Elle approchait a pas calmes. Beaucoup trop calme. Le ciel se déchira et non loin de la clairière, la foudre s’en alla tomber sur un chêne centenaire qui prit feu immédiatement. Du brasier proche s’éleva de lourdes volutes de fumée blanchâtre qui vinrent noyer la clairière dans un voile gris. L’orage était juste au-dessus d’eux et cependant, aucune goutte de pluie ne se faisait sentir.
Derrière le maître de guilde, qui semblait s’être plonger dans une réflexion tumultueuse, s’était approché bon nombre de membres. Portant tous une lourde cape de cuire noire avec brodée sur leur buste un araignée juchée sur une toile, ils s’empressèrent de rapatrier le blessé à l’abris. D’autres, le regard inquiet se tournèrent vers leur supérieur, Mark Ilion. Le blessé qu’il venait de voir rentrer dans la guilde était l’un des instructeurs pour les nouvelles recrues. Ils était tous passer par son dojos avant d’intégrer définitivement la guilde. Voir un homme expérimenté dans le milieu criminelle s’agenouiller devant ce qu’il avait décris comme étant un simple mage leur envoyer des frissons dans l’échine.

« Mark…que fait-t ‘on ? Si c’était l’une de ces râclures des clans de Calvert ? Ils ont promis de se débarrasser de nous ? » Dis l’un des hommes d’une voix qui avait peine a sortir de sous son épaisse capuche.

Mark inspira longuement. Le regard toujours pointé vers le Septentrion, il guettait. Ses yeux, mi-clos pour se concentrer sur la masse verte infinie qui s’étirée devant lui semblèrent capturer un mouvement dans les talus à quelques centaine de mètres. Ses yeux s’écarquillèrent un instant. Une bourrasque sauvage poussa une nouvelle fois un nuage de fumée sur la clairière, masquant la vue d’aigle du chef de guilde. Il se tourna vers la guilde et se mit à avancer vers l’entrée. Il retira son large manteau de cuire découvrant un torse musclé, rayé de cicatrices, memento de ses nombreuse bataille. Il était plus guerrier qu’assassin.

« Branle-bas de combat ! Je m’occuperais personnellement de ce moucheron mais au cas où sa dégénère je veux que les Nightmare Weavers lui offre une mort violente. »

Les mots agirent sur les hommes comme un coup de bâton sur une ruche. Des arbres environnants, des centaines d’assassins cachés se laissèrent tomber le long de câble sur le sol mousseux. Dégainant leurs compagnons de combat de leurs fourreaux, ils tendirent leurs lames acérées vers l’entrée de la clairière. Derrière eux, le groupe de la passerelle et quelques autres s’engouffra dans la guilde pour en ressortir quelques secondes plus tard, depuis de hautes plateformes amovibles. Sur chacune d’elle était montée une pièce d’artillerie lourde. Catapulte, arbalètes géantes, canon à énergie magique…tout le tremblement. Dans un cliquetis métallique, la passerelle se replia sur elle même et disparut sous le bâtiment, isolant la guilde du reste du monde. Le Jeu de l’Attente commença.
Au dessus de la clairière, l’orage semblait tourner comme un oiseau de proie guettant un gibier. Les lourds nuages roulaient les uns sur les autres déchargeant sur la terre des éclairs impressionnant. Dans la clairière voisine, un craquement sinistre annonça la chute du chêne centenaire consumer par la fureur des cieux. Cependant la densité de la fumée ne s’affaiblit pas. Placé derrière deux de ses meilleurs gardes du corps, Mark Ilion continuait de scruter l’orée de la clairière. La silhouette qu’il avait remarquée auparavant avait disparu, laissant au chef un frisson. Qui était ce mage? Faisait t’il partit du Clan Higure? Tsukiyo? Si oui pourquoi n’avait-t ‘il pas tuer l’escadre de guetteurs? Que voulait-t ‘il bon sang ?
Les interrogations du chef durent s’arrêter. Autours de lui, ses hommes réassurèrent leur garde. On entendait un bruit de pas. Lent. Un rythme imperturbable et parfait. L’auteur de ces bruits ne cherchait aucunement à dissimuler sa présence. Il jouait avec leurs nerfs. Et il le faisait plutôt bien.
Tout un coup le vent souffla, balayant l’épais nuage de fumée. Et ils le virent.
Il avançait lentement, semblant écarter sous ses pas la terre et les herbes folles. Sous la puissante aura qui se dégageait de son corps, les arbres centenaires semblaient fléchir et s’incliner devant lui. Les rafales de vents ne faisaient que claquer son lourd manteau noir dans l’air, n’osant dévier la trajectoire de l’homme. Dans son dos, luisait le métal noir d’un large éventail de guerre japonais. Ses bords tranchants et les matériaux qui constituaient sa toile faisait de cet antique objet une arme plutôt qu’un signal qui constituait son usage traditionnel. Une chaîne reliée le manche de l’éventail au dos de son porteur.

« Fiches le camps ! Si tu fais un pas de plus je t’extermine ! » Aboya Mark.

Mais la menace ne fit que rebondir sur le masque de l’homme. Mark venait de le remarquer, ce masque gris aux marques étranges. Il avait un aspect lustré et luisant et les orifices où devait se trouver les yeux n’étaient que des fentes noires en forme de virgules sans rien à l’intérieur. Si…une lueur rouge…du côté de l’œil droit. Un infime brasier infernal de couleur pourpre comme une goutte de sang frais. Même à cette distance, Mark se perdit dans ce regard unique et insondable. Il y vit...tant de chose. Une puissance déferlante, une rage silencieuse et brutale, une volonté inébranlable. Ses pensées n’étaient plus fluides, elle venait par vagues saccadées comme si…comme si il percevait des interférences. Et bientôt ce fût le noir complet. Il tomba de tout son poids à genoux.
Un regard rouge, trois virgules, un symbole, une ombre, une croix gigantesque, des clous…des centaines de clous et des barbelés qui se plantait dans son corps et mordait sa chaire. Il ne vit la scène que quelques secondes. Mais quand il se releva, il cru voir sur son torse les marque saignante des pièces de métal qui déchiquetaient sa chère un peu plus tôt. Ses hommes n’avaient pas bronchés. La vision de leur chef tombant sur ses genoux ne fit que dissoudre un peu plus le reste de confiance qu’ils possédaient depuis le retour du blessé.
L’homme se tenait juste devant lui…