12 janvier 3012Je me suis rappelée à l'instant d'un souvenir lointain, qui remonte à plusieurs années déjà. Je n'y pensais plus depuis longtemps, alors qu'il m'avait réellement marquée. C'est en discutant avec des amis tout à l'heure que ça m'est soudain revenu.
Ce souvenir m'est vraiment cher, alors j'ai décidé de l'immortaliser dans ce cahier, pour ne plus jamais avoir à l'oublier...
J'ai rencontré Hymei il y a deux années, à la même saison que maintenant. Il faisait froid, et tout. Cette jeune femme qui ne connaissait pas son nom, ni son âge. La seule chose que j'ai apprise sur elle de sa bouche, c'est sa race : une élémentaire, la race maudite.
La femme que je respecte le plus au monde.
Je me souviens encore de son apparence....
La première chose que j'ai vue de Hymei était sa silhouette mince et élancée. Elle était grande, près d'un mètre soixante-quinze je présume - en tout cas elle me dépassait d'une bonne tête à l'époque.
Ses yeux ressemblaient à deux lacs de montagne, à l'eau pure et scintillante. Ses cheveux auraient été la neige qui couvrait les sommets des montagnes.
Ses habits étaient blancs, comme une vierge ; sa peau était si pâle qu'elle en devenait presque translucide. Ses bras et ses jambes étaient maigres à en faire peur.
Le jour où je l'ai rencontrée, elle marchait pieds nus.
À l'époque, je ne savais rien de Hymei. Lorsque je l'ai vue pour la première fois, j'ai été surprise par son absence de cheveux, je me suis noyée dans ses yeux bleus. Mais j'ai pris peur devant tant de souffrance. Je regretterai toujours de ne pas avoir tenté de l'aider.
Malgré tant de beauté, son visage avait quelque chose d'effrayant. Il était totalement immobile, comme figé. Il était vide de toute expression. Personne n'a aucune expression. Du moins c'est ce que je pensais avant de rencontrer Hymei.
Plus tard, j'ai fait des recherches sur Hymei. Il faut croire qu'avant, elle avait les cheveux noirs, et ne ressemblait pas à un spectre comme lorsque je l'avais vue.
Je ne savais pas encore quels évènements avaient tant changé l'élémentaire.
J'étais assise au comptoir d'un bar du centre-ville de Kilvas, une bouteille de bière pour seule amie, tentant de noyer ma tristesse. J'avais été licenciée de mon poste à Darkness Breakers, pour avoir eu plusieurs retards dans des dossiers importants. Que fallait-il, Dryden, le maître de la guilde à la puissance internationale, était strict.
Bref, je n'avais pas les idées très claires lorsque la porte du bar s'est ouverte en grand. Dans l'embrasure est apparue une jeune femme effondrée sur elle-même. Toutes les têtes se sont tournées simultanément vers l'étrangère, mais personne n'a réagi. Moi aussi, les idées embrouillées, je suis restée immobile.
La jeune femme a quitté le pas de la porte et s'est avancée en trébuchant. Tout le monde présent dans le bar l'a suivi du regard, sans piper mot. Elle avait fait à peine quelques mètres, que la porte s'ouvrit une nouvelle fois en grand. Cette fois-ci, une demie-douzaine d'hommes entrèrent dans le bar. Je reconnus immédiatement l'insigne cousue sur leur veste : des membres de Darkness Breakers.
L'un d'eux déclara :
-Où est-elle ?Les quelques-uns qui avaient compris de qui les hommes parlaient, désignèrent la jeune étrangère qui tentait de se dissimuler dans un coin de la pièce. Aussitôt, les hommes se précipitèrent sur elle. La jeune femme se débattit, la bouche ouverte dans un cri muet. Elle parvint à se libérer de l'étreinte de l'un des membres de Darkness Breakers, tituba sur quelques mètres, puis s'effondra juste à mes pieds. Hébétée, je ne réagis pas.
Alors que les hommes s'emparaient d'elle, la jeune femme murmura :
-Aidez-moi...Puis elle leva son regard bleu vers moi et planta ses yeux dans les miens en répétant :
-Aidez-moi... Je vous en prie...Je tressaillis à peine. Ma main serra plus fort ma bouteille de bière. Les hommes de Darkness Breakers traînèrent la jeune femme vers la sortie. Alors qu'elle s'éloignait de plus en plus de moi, je pus lire la résignation dans les yeux de l'étangère. Je l'entendis souffler dans ma direction :
-Pourquoi suis-je née élémentaire...Je l'ai regardée partir, sentant une pointe de regret me piquer la poitrine.
Étrangement, cette rencontre me redonna de la vigueur. Je me résolus à retrouver mon poste à Darkness Breakers, ce que je réussis après des mois de dur labeur. J'appris plus tard que l'élémentaire était parvenue à s'échapper. Je ne révélai à personne ce que je savais d'elle.
Cette jeune femme, persécutée par la vie, innocente et pourtant traquée, m'avait donné l'impression de ne pas mériter ma vie facile, moi qui sombrais dans l'alcool alors que je perdais mon poste.
Oui, c'est cette impression que m'avait laissée Hymei : un gouffre de tristesse, où continuait tout de même à luire une minuscule lueur d'espoir.
Et je fis des recherches sur l'élémentaire... .
Une fois mon poste retrouvé et mon honneur reconstitué, je décidai d'en savoir plus sur cette étrangère. Je me rappelle encore l'avoir regretté, par moments...La vie sur l'îleHymei est née à Arkanox, sur une petite île, si petite qu'elle n'avait de nom. Sa famille subsistait avec difficultés, se satisfaisant à peine des ressources que lui procurait la nature sauvage de l'île. Hymei grandit donc dans la pauvreté et le dépouillement caractéristiques des créatures rejetées contraintes de s'isoler. Lorsqu'elle eut cinq ans, son père disparut en mer, et deux ans plus tard sa mère décéda d'une épidémie qui fit de nombreuses autres victimes. Hymei apprit à survivre seule. Elle ne tenta pas de faire connaissance avec les autres habitants de l'île, la vie sur ce morceau de terre étant si relative que Hymei pensait qu'il valait mieux n'avoir aucun lien pour ne rien regretter. De plus, ses "voisins" possédaient une partie de l'île tandis que la jeune fille défendait la sienne.
Une rivalité qui faisait presque songer à une attitude animale.
Confrontée à cette vie rude, Hymei devint une adolescente, puis une jeune femme refermée sur elle-même, presque muette car n'ayant personne avec qui parler. Elle savait chasser, se camoufler et grimper. Rompue au combat, elle faisait tout pour protéger ses biens - car, malgré sa répulsions quant aux liens, elle était malgré tout attachée à son île, sa hutte, ses quelques instruments de chasse. Même cela lui fut arraché.
Cela se passa lors d'un hiver particulièrement rude. À cette époque, Hymei devait avoir dix-huit ans. Ou peut-être dix-neuf, ou vingt.
Des hélicoptères survolèrent le pâté d'îles durant une journée entière. Ce n'était pas surprenant, cela arrivait de temps en temps. Souvent, les machines se posaient sur une île voisine, et l'on n'entendait plus le bruit assourdissant des moteurs durant plusieurs jours. Puis ils repartaient. Hymei ignorait ce qu'ils faisaient sur les îles, mais cela lui importait peu, cela ne la concernait pas.
Cependant, ce jour-là, les trois imposants hélicoptères décidèrent de se poser sur l'île où vivait Hymei et quelques autres créatures rejetées.
Dissimulée dans des buissons, la jeune femme observa durant quelques instants les hélicoptères. Des humains en étaient descendus, et discutaient, criaient des ordres à tort et à travers, s'activaient dans tous les sens. Prudente, l'élémentaire se dissimula dans sa hutte.
Le jour suivant, les engins étaient toujours là, au même endroit que lorsqu'ils s'étaient posés. Mais les humains n'étaient plus là. Hymei suivit les traces de leur passage. Il s'avéra bien vite que les hommes n'étaient pas là pour une simple visite : ils cherchaient quelque chose, comme le témoignaient la mousse éventrée, les fougères écrasées. Ils traquaient quelque chose.
Durant toute la journée, les humains passèrent l'île au peigne fin, et Hymei les pista à une distance raisonnable. Vers la fin de la journée, alors que le soleil disparaissait derrière l'horizon, les hommes s'arrêtèrent soudain. Ils avaient trouvé quelque chose... ou quelqu'un. Poussée par une vague de curiosité, Hymei s'approcha à quelques mètres, de façon à voir les hommes. Le spectacle qu'elle vit fit arrêter son coeur de battre.
Un immense bûcher s'élevait dans les airs, emplissant l'air d'un lueur rougeoyante. Les hommes contemplaient le spectacle, immobiles. La maison de Hymei était en train de flamber.
Fascinée, la jeune femme ne pouvait détacher ses yeux du spectacle. Sa tristesse et sa colère contre ceux qui avaient détruit son foyer restaient figés devant la magie des flammes qui dansaient dans l'air nocturne. Après plusieurs minutes de contemplation de ses biens qui partaient en fumée, Hymei se secoua enfin et disparut dans l'ombre. Il valait mieux pour elle de ne pas rester ici.
Courant dans la forêt sombre, l'élémentaire tentait de réprimer ses sentiments. Une hutte, ça se reconstruisait. Des armes, ça se fabriquait. Une paillasse, rien de plus simple à faire.
Malgré ses tentatives pour se calmer, Hymei savait pertinemment que le problème ne se situait pas là. Elle était découverte. Les humains savaient qu'elle était là. Qu'importe le but de ces envahisseurs, sa vie était en jeu.
Durant les deux jours qui suivirent, Hymei fut sans arrêt en déplacement, et ne dormit que quelques heures par nuit. Puis elle se décida à reprendre la piste des humains, ainsi elle saurait où ils seraient se dit-elle.
Ainsi ses pas la conduisirent sur le territoire de la famille d'élémentaires qui partageait son île. Invisible, Hymei observa les hommes attaquer la hutte des élémentaires comme ils l'avaient fait avec la sienne. Mais cette fois-ci, ils ne s'arrêtèrent pas là : comme pris par une soudaine folie meurtrière, ils s'attaquèrent à la famille. Des cris parvinrent aux oreilles de Hymei, toujours dissimulée dans sa cachette. Deux hommes attrapèrent la mère par les bras. Elle se débattit en hurlant, mais les hommes tinrent bon. Avec un rire gras, l'un d'entre eux l'attrapa par les cheveux et la contraignit à le regarder. Un troisième homme lacéra ses vêtements. Mais soudain les trois hommes reculèrent, comme brûlés - ce qui était d'ailleurs le cas.
*Bien fait pour vous* songea férocement Hymei.
La femme élémentaire rampa dans un coin d'ombre, tandis que sa fille courait vers elle. La petite fille se blottit dans les bras de sa mère, qui la serra fort dans ses bras. Mais un homme s'approcha et arracha la fillette à la femme. La petite hurla, et l'homme sortit un couteau et l'égorgea sans hésiter. Il lâcha la fille, qui s'effondra à ses pieds comme une poupée de chiffon. Sa mère poussa un cri déchirant, avant d'être elle aussi tuée par l'homme. Le sang gicla.
Le coeur au bord des lèvres par tant de violence, Hymei quitta la scène des yeux et partit en courant. Lorsqu'elle fut sûre d'être hors d'atteinte, elle ralentit le pas, avant de s'arrêter entièrement et de vomir convulsivement. S'essuyant la bouche, la jeune femme jeta de rapides coups d'oeil inquiets autour d'elle. Elle ne dormit pas de la nuit.
Le lendemain, Hymei se résolut à retourner sur les lieux où elle avait eu son campement. Arrivée à quelques mètres du site, elle ralentit et redoubla de prudence. Mais rien ne semblait suspect.
Enfin, elle déboucha sur l'endroit où s'était tenue autrefois sa hutte. À présent, il ne restait plus qu'un tas de cendres éparpillées.
*Ainsi, c'est à ça que se résume une vie* pensa Hymei, dégoûtée.
Soudain, elle sentit qu'on l'approchait par-derrière. Elle se retourna vivement le temps d'apercevoir un homme gigantesque, puis ce fut le noir total.
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Le laboratoireHymei ouvrit les yeux. Tout vibrait autour d'elle. Et elle avait si mal à la tête...
Tentant de remettre de l'ordre dans ses idées, la jeune femme se souvint soudain de tout ce qui était arrivé. Son premier réflexe fut de se redresser, mais elle se contint et s'employa à analyser la situation de là où elle était.
Le vibrement qui ne cessait pas depuis tout à l'heure provenait de l'hélicoptère, qui avait quitté l'île et survolait à cet instant la mer. Hymei était allongée sur une civière inconfortable, et il lui était impossible de bouger - elle était ficelée à la civière.
Très lentement, elle tourna la tête. À côté d'elle était assis le colosse qui l'avait assommée. Plus loin discutaient deux hommes à voix basse, de façon à ce que Hymei ne les entende pas. La jeune femme reconnut avec horreur la carrure de l'homme qui avait assassiné les deux élémentaires sur l'île. Elle dut se faire violence pour ne pas sauter à l'autre bout de l'hélicoptère.
Après plusieurs minutes de contemplation en catimini, Hymei referma les yeux, feignant l'inconscience. Son instinct lui dictait de rester tranquille.
Les heures passaient. L'hélicoptère continuait à vibrer. Hymei restait immobile sur sa civière, malgré la peur sourde qui faisait battre son coeur frénétiquement.
Enfin, le rythme de l'engin changea, et la jeune femme sut qu'ils allaient se poser. Où ? elle l'ignorait et cela la terrifiait. L'hélicoptère s'immobilisa et cessa soudainement de vibrer. Il y eut du mouvement autour de Hymei, mais elle garda les paupières pressées les unes contre les autres.
-Faites-la descendre, dit une voix lointaine.
-C'est fou qu'elle soit restée inconsciente durant tout le trajet, fit remarquer une seconde voix, plus rocailleuse.
Hymei sentit soudain qu'on la soulevait et qu'on la déplaçait. Bientôt, elle sentit l'air changer. Elle était sortie de l'hélicoptère. C'était maintenant ou jamais.
L'élémentaire matérialisa une lance de glace qui trancha ses liens et elle bondit de la civière. Sans se retourner ni jeter un regard au décor austère qui s'offrait sous ses yeux, elle se mit à courir le plus vite qu'elle put. Très vite, elle entendit des pas de course derrière elle. Ils n'avaient pas perdu leur temps.
Mais bientôt, Hymei sentit qu'elle fatiguait. Des heures d'immobilité l'avaient raidie, et le coup qu'elle avait reçu sur la tête émettait une douleur sourde qui l'étourdissait. À présent, elle entendait également le souffle puissant de ses poursuivants, puis elle
sentit leur souffle puissant dans sa nuque...
Quelque chose s'enfonça dans son bras, et elle sentit le monde exploser devant ses yeux. Les flammes engloutirent tout.
Elle flottait dans un monde gris, sans contraste. Elle ne savait pas où elle était. Des bruits étouffés lui parvenaient, mais elle ne savait pas d'où ils provenaient. Était-elle aveugle et sourde ? Que s'était-il passé ? Elle ne savait plus. Et... qui était-elle ? Rien n'était moins évident que la réponse.
Mais si. Elle était... Hymei, une élémentaire.
Le sang rugit aux oreilles de Hymei. Elle inspira une grande goulée d'air, tandis que son cerveau se remettait en marche. Son corps entier semblait rongé par les flammes. Elle avait si mal qu'elle n'aurait même pas eu la force de crier. Elle ressentait chacun de ses battements de coeur comme un gong dans son corps entier, lui assurant qu'elle était bel et bien vivante.
Enfin, elle s'employa à ouvrir ses yeux. Au prix d'un effort de volonté immense, elle parvint à ses fins. Elle fut éblouie par une violente luminosité qui se réfléchissait sur une salle d'une blancheur immaculée. Une fois accommodée à la clarté, son ouïe se remit elle aussi en marche. Des voix lui parvinrent. Tournant la tête, elle vit des personnes, des humains sans aucun doute, qui discutaient vivement. Lorsque Hymei reconnut parmi eux l'un des hommes qui l'avaient capturée, un son lui échappa involontairement. Aussitôt, le silence se fit et les hommes tournèrent le regard vers elle.
L'un des humains s'approcha, se pencha sur elle, puis se releva et lança quelque chose à ses collègues. Hymei ne réagit pas, incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt.
L'homme attrapa une seringue qu'il emplit d'un liquide que Hymei détermina pour ne pas être de l'eau.
Il approcha l'objet du bras de la jeune femme qui voulut faire un mouvement, mais elle en fut incapable. La seringue pénétra son bras et vida son contenu dedans.
Les flammes reprirent de l'ardeur, plus grandes que jamais.
Bientôt, dans un état proche de la folie, Hymei devint amnésique et perdit tout sens de la vie. Sans cesse agressé par de violents produits chimiques, son corps s'affaiblit terriblement. Elle maigrit, perdit ses cheveux, et ses muscles fondirent à force d'être immobiles.
Elle devint un objet d'expérimentation.Elle flottait dans un monde gris, sans contraste. Elle ne savait pas où elle était. Des bruits étouffés lui parvenaient, mais elle ne savait pas d'où ils provenaient. Était-elle aveugle et sourde ? Que s'était-il passé ? Elle ne savait plus. Et... qui était-elle ?
La réponse ne vint pas. Plus rien n'atteignait son cerveau éteint.
Cependant, quelque chose était différent. Elle avait conscience d'être. Pour la première fois depuis... elle ne savait plus. Si elle l'avait su un jour.
Lentement, les sens revenaient. Si lentement qu'elle ne se rendait pas compte que petit à petit, elle quittait le monde sans contraste et que son esprit réintégrait son corps.
Apaisée, elle s'endormit.
Lorsqu'elle se réveilla, elle prit pour la première fois conscience qu'elle avait les yeux clos, et qu'elle pouvait les ouvrir. Des sons lui parvenaient. Des bruits qui faisaient
tictictic ou
tacatacatac.
Lentement, elle décolla les paupières.
La lumière vive l'obligea à refermer les yeux aussitôt. Mais elle avait vu. Elle n'était plus aveugle.
Prudemment, elle rouvrit les yeux. Derechef, la violente lumière l'éblouit, mais cette fois-ci elle se força à garder les yeux ouverts. Lentement, elle s'habitua à la luminosité, et put garder les yeux ouverts sans être éblouie. Elle inspira profondément, avec le sentiment de remettre ses poumons en marche après une longue pause.
C'est uniquement à cet instant qu'elle constata l'absence des flammes. Le feu qui la rongeait depuis tant de temps s'était enfin retiré. Elle était libérée.
Un frisson la parcourut. Elle retrouvait les sentations de la vie. Concentrée, elle leva un bras. Lorsqu'elle y parvint, elle tremblait. Elle laissa retomber son bras le long de son corps, et se concentra sur ses jambes. Avec une lenteur inhabituelle, elle se redressa pour finalement finir assise. Dégustant la sensation, elle resta plusieurs minutes immobile, les yeux fermés. Puis elle se remit en mouvement avec la même lenteur, glissa sur ses pieds. Si elle ne s'était pas raccrochée au lit à la dernière minute, elle se serait écroulée.
Après plusieurs tentatives, elle parvint à se tenir sur ses jambes. Puis elle fit quelques pas hésitants, en direction de la porte. Son instinct la poussait vers la sortie.
Lorsqu'elle atteignit son but, elle s'accrocha à la poignée, pliée en deux par l'effort qu'elle venait de fournir. Appuyée à la porte, elle entendit des bruits dans le couloir. Des gens couraient, criaient dans tous les sens. Elle hésita un instant, puis entrebâilla la porte. Il régnait dehors un désordre indresciptible. Des gens s'agitaient dans tous les sens, l'air paniqué.
Et soudain, elle sut. C'était sa chance. Son unique chance.
Vaillemment, elle s'engagea dans le couloir. Personne ne la remarqua parmi la foule qui se pressait autour d'elle. À petits pas hésitants, appuyée contre le mur, elle progressait vers son but. Elle ne savait pas où elle allait, mais avait confiance en son instinct.
Elle fatiguait. Ses jambes la soutenaient à peine. Mais elle continuait, pas à pas, à se diriger vers son salut. Après ce qui lui parut des heures entières, elle parvint un couloir vide. Elle s'engagea dedans, mais elle sentait que quelque chose clochait.
Bientôt, elle sentit une odeur âcre de fumée, et des flammes s'élevèrent soudainement devans elle. Le feu avait pris dans une salle. Effrayée, elle resta figée devant le spectacle. À cet instant, un souvenir douloureux lui revint en mémoire. Les flammes qui grondaient sous ses yeux étaient les mêmes qui avaient ravagé sa hutte, il y a si longtemps.
Et soudain, tout revint.
Hymei fit volte-face, et se mit à claudiquer dans le couloir, tentant à tout prix de fuir le brasier. Les flammes progressaient à une vitesse effrayante, et Hymei était faible. Elle sentait la chaleur étouffante qui la faisait ruisseler de sueur, et la fumée qui s'insinuait dans ses poumons...
Soudain, elle aperçut une fenêtre. L'unique fenêtre du centre. Elle donnait sur l'extérieur.
Matérialisant une vague d'eau, Hymei cassa la vitre. Sans hésiter, elle s'en approcha et, ignorant les morceaux de verre qui lui entaillaient les pieds, s'escrima à se hisser par le cadre. Les flammes étaient déjà sur elle, léchaient ses vêtements. Son haut prit feu, et elle souffla dessus avec l'énergie du désespoir dans une tentative de l'éteindre, son esprit paralysé oubliant qu'elle avait de l'eau à sa disposition.
Enfin, elle passa par la fenêtre et aussitôt, l'enfer disparut.
Elle était libre.
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FugitiveJ'étais assise au comptoir d'un bar du centre-ville de Kilvas, une bouteille de bière pour seule amie, tentant de noyer ma tristesse. J'avais été licenciée de mon poste à Darkness Breakers, pour avoir eu plusieurs retards dans des dossiers importants. Que fallait-il, Dryden, le maître de la guilde à la puissance internationale, était strict.
Bref, je n'avais pas les idées très claires lorsque la porte du bar s'est ouverte en grand. Dans l'embrasure est apparue une jeune femme effondrée sur elle-même. On connaît la suite...Hymei se faisait traîner par les hommes sans résister. Trois jours qu'ils la pourchassaient. Trois jours qu'elle leur échappait.
Trois jours qu'elle était une bête traquée.
Ces hommes n'étaient pas les mêmes que ceux qui l'avaient perforée de toutes parts au laboratoire. Ils étaient différents de ceux qui l'avaient attrapée sur son île. Mais d'eux émanait la même aura de puissance et de danger.
Ils en avaient tous après Hymei.
La jeune femme s'agita. Aussitôt, elle reçut un atémi dans les côtes. Ignorant son souffle coupé, Hymei se débattit. Sa liberté si difficilement retrouvée, elle n'allait pas se laisser prendre une nouvelle fois. Le cycle ne devait pas se répéter.
Prise par une soudaine poussée d'adrénaline, Hymei fit jaillir une immense vague d'eau. Aussitôt, les hommes qui la tenaient furent éjectés contre les murs des maisons alentour. Mais déjà ils se relevaient, et Hymei était en passe de se refaire attraper. De plus, elle était si faible que son offensive lui avait demandé presque toute son énergie.
Les hommes foncèrent sur elle, et tentant le tout pour le tout, Hymei prit son élan et bondit en direction d'un toit de maison. Elle ignorait si sa condition physique lui permettait d'accomplir cette prouesse - qui lui aurait parue si facile sur l'île.
Hymei faillit rater le toit et s'y raccrocha par l'unique force de ses poignets. Elle crut que ses os allaient se briser et ses muscles se déchirer tant l'effort physique fut violent. Mais elle tint bon et, les larmes de douleur aux yeux, entreprit de se hisser sur le toit. Mais les hommes qui lui en voulaient l'attrapèrent par les chevilles et tirèrent dessus, tentant de la faire tomber. Au supplice, l'élémentaire secoua ses pieds, au risque de se déséquilibrer. Les hommes tinrent bon. Hymei les aspergea d'eau, et l'un d'eux lâcha enfin. Libre d'un pied, la jeune femme balança celui-ci par-dessus le toit et se redressa. À présent, il lui fallait sauver sa deuxième jambe.
À cet instant, un homme qui s'était tenu en retrait s'avança. Il souriait, regardait Hymei et ne semblait pas du tout nerveux. La tension de l'élémentaire augmenta. L'homme lui dit d'une voix douce :
-Allons, ma petite, ne te rebelle pas. Nous t'emmenons dans un joli endroit, où tu vas pouvoir être utile aux autres. Tu vas aider le peuple. Tu vas donner tes pouvoirs à des humains...L'homme n'eut pas le temps de finir sa phrase, car Hymei, folle de rage, lui cracha au visage. Aussitôt, le sourire de l'homme disparut. Son expression devint menaçante.
-Tu sais, d'autres de ta race ont servi le peuple. L'un d'eux m'a gentiment donné sa maîtrise des éléments... Ça te dit de mesurer te pouvoirs aux miens ?Son ton augmenta jusqu'à ce qu'il crie. Puis il prit son élan et atterrit souplement aux côtés de Hymei, qui ne put que le regarder faire, une jambe toujours bloquée. L'homme, d'un claquement de doigts, fit apparaître une flamme ardente. Il s'accroupit aux côtés de la jeune femme et approcha la flamme de sa joue. Hymei gémit.
-Alors, tu as peur ? fit l'homme avec un sourire qui découvrit ses dents pointues.
Tu sens que ta fin est proche ? Mais tu continues à te battre, alors qu'abandonner serait bien plus simple... Vous êtes tous pareils, les élémentaires...Une étincelle de colère s'alluma dans les yeux de Hymei. À la surprise de l'humain, elle s'empara de sa main où brillait toujours la flamme, et l'écrasa contre sa joue. L'homme ouvrit les yeux en grand.
-Mille humains de ta sorte ne valent pas un ongle d'élémentaire, déclara froidement Hymei, alors que la brûlure mettait à vif la peau délicate de son visage.
D'un mouvement violent du pied, elle envoya l'homme qui tenait sa jambe à terre, puis elle se redressa de toute sa taille en fixant l'humain à la flamme. Elle était maigre, chauve, ses jambes tremblaient et ses vêtements étaient en lambeaux, mais elle dégageait une aura de fureur glaciale qui faisait hésiter un membre de Darkness Breakers.
Hymei ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais elle sembla se raviser et se contenta de tourner le dos à l'humain. Elle savait qu'il ne la poursuivrait pas.
Trois rues plus loin, lorsqu'elle fut sûre qu'elle n'avait pas été suivie, elle s'effondra.
Colère. Haine. Sang. Vengeance. Tuer.
Darkness Breakers, tremble. Je suis Hymei et je t'anéantirai. Ce qui fait de Hymei une élémentaire.
Mettre ici vos capacités/pouvoirs.
/!\ Facultatif !/!\ Hymei était une élémentaire puissante. Sa mère avait le pouvoir de la glace, son père celui de la brume. Elle hérita donc des deux, et naquit avec le pouvoir de l'eau dans son état liquide. Elle maîtrisait donc les trois états de l'eau : liquide, solide, gazeux. Imprévisible, froide, insaisissable.
- Ma date de naissance : 9 février 1999
- Je suis [x] une fille [] un garçon
- Comment j'ai découvert le forum : par Alwy' !
- Je sais [] coder [x] pas coder
- Je sais [] grapher [x] pas grapher
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