Leanne de Serenes Archange à la voix céleste ~
Messages : 47 Date d'inscription : 24/02/2012 Localisation : Dans le ciel, en train de chanter...
Feuille de personnage Age: 19 Rang: // Pouvoir/(Guilde): Chant céleste - Lecture des âmes
| Sujet: Leanne, pureté ? Pléonasme ! Enfin presque... Sam 21 Juil - 14:56 | |
| Leanne, pureté ? Pléonasme. Ou presque… . Le sol était brûlant. A chaque seconde, je me sentais mon corps s'assécher un peu plus, et ma vue commençait à se brouiller... J'entendis des bruits de pas près de moi. Je rassemblai toutes mes forces afin de changer ma tête de direction, mais je n'eus le temps que d'apercevoir l’extrémité d’une robe en soie, et une paire de bottes en dessous… Lorsque je me réveillai, j'étais allongé dans la clairière d'une forêt. Il y faisait frais, l'endroit semblait défier la canicule qui s'était installée dans le royaume. Où pouvais-je bien être ? Moi qui pensais connaîtreEmrys et tous ses petits coins comme personne... Une paire de bottes était posée à mes côtés. Sûrement était-ce celle que j'avais aperçue avant de sombrer dans l'inconscience... - Vous vous sentez mieux ? C'était une voix douce, timide, dans laquelle on pouvait néanmoins déceler une touche de tristesse. Curieux, je me redressai légèrement et vis alors cette jeune femme, assise plus loin, me jetant un regard attendri. Elle possédait deux grandes ailes blanches. Pas d'un blanc étincelant, non, mais quelque chose de plus chaud, de plus terne. - O-oui, merci. balbutiai-je. Elle me sourit. Je décelai en elle un sentiment de réconfort, presque comme avec une mère : elle avait l'air bienveillante. Bienveillante, mais mélancolique à la fois. C'était l'impression que donnait son visage. La douceur de ses traits, son sourire étincelant mais timide, son regard débordant de gentillesse, tout ça me faisait retomber en enfance, dans un doux cocon. La jeune femme se leva. D'un pas léger, elle s'avança vers moi et s'assit à mes côtés. De plus près, quelque chose me perturba dans son visage. Je la regardai fixement durant plusieurs secondes, dans l'espoir de trouver ce quelque chose qui me dérangeait. Finalement, au moment où elle détourna son attention du mélange qu'elle était en train d'effectuer, je localisai ce léger détail qui me troublait tant : ses yeux brillaient d'un éclat étrange, mélangeant à la fois une soif de liberté, nostalgie et noblesse. Ceci à peine remarqué, tout en elle me rappelait les attributs d'une personne à l'éducation irréprochable : démarche droite, tenue impeccable et langage soigné. Que penser d'autre qu'elle fût de haute naissance ? Ses vêtements me confortaient dans mon idée. Elle portait une longue robe en soie brodée de couleur terne ainsi qu’une ceinture d’or. - Alors, qu’avez-vous ? Aurais-je fait quelque chose de déplacé ? – Non, rien. Je me disais juste que vous étiez très belle. Elle rougit quelque peu. Sûrement trop peu pour que ce soit visible chez n’importe qui d’autre, mais sa peau un peu trop blanche mettait chaque changement de couleur de sa peau en valeur. D’ailleurs, sa teinte pâle en était presque inquiétante, et révélait une certaine fragilité corporelle de sa part. - Au fait, comment vous appelez-vous ? Elle resta silencieuse quelques instants. Instants durant lesquels je ne cessai de l'observer. Elle était belle, grande, mince. Seule, chantonnant, et enchaînant la préparation de potion diverses, elle arborait un air rêveur et lointain. Comme si elle s’échappait, loin, dans un autre monde, portée par le vent. -Veuillez me pardonner, que venez-vous de dire ? Elle avait brusquement tourné la tête, faisant virevolter sa chevelure. Seulement alors, je commençai à détailler ses cheveux. Leur couleur était la chose qui m’avait frappé en premier ; ils brillaient d’un éclat d’or. Fins et légers, la lumière vespérale allant en descendant reflétait ses derniers rayons dans cette épaisse et longue chevelure. Aussi, au rythme où le soleil descendait dans le ciel, la teinte de ses prunelles variait de l'émeraude au saphir. - Rien de très important, laissez. Elle allait rester pour moi une parfaite inconnue. La jolie inconnue qui était venue à mon secours. Je n’aurais en mémoire que son visage à la conception si parfaite, cette aura réconfortante qu’elle dégageait. J’allais penser à elle, penser à la perfection à laquelle j’ai eu affaire. Et rien d’autre n’allait venir ternir cette image. Rien. C’est ce que je pensais… Mais le destin en voulut autrement. Alors que j'observais attentivement les gestes de cette inconnue, l'air s'alourdissait de plus en plus. Très vite, le temps déclina et le ciel fut recouvert de nuages sombres... Soudain, une trainée lumineuse traversa le ciel. Quelques instants plus tard, un bruit assourdissant s'ensuivit. Mais le dixième de seconde d'après, autre chose attira mon attention : la jeune femme s'était recroquevillée sur elle-même, les mains sur la tête. Elle tremblait. Sans réfléchir, je me levai, la pris par la main, ramassai ses affaires, et l'entraînai au hasard. J'étais comme un automate, je courais presque inconsciemment, animé par une étrange intention de bien faire. Finalement, je m'engouffrai dans la première cabane s'offrant à nous, et posai la tête de la jeune femme maintenant en pleurs contre moi. - Je suis désolée, vraiment désolée, vraiment désolée.... Pardon... Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés comme ça, elle en train de s'excuser de sa faiblesse, moi essayant de la réconforter. Lorsque la foudre cessa de tomber, ses tremblements se dissipèrent, et elle se calma peu à peu. Je me surpris alors à avoir une certaine réticence à l'idée de la lâcher, jusqu'au moment où elle fit d'elle-même un léger mouvement de repoussement afin de se dégager. - Merci... Et encore désolée. - Vous ne devriez pas vous excuser autant... Le temps passa, sans qu'elle ne dise rien. Elle était gênée par la proximité dans laquelle nous étions réduits, cela se voyait. Mais elle semblait aussi chercher ses mots, vouloir entamer une conversation. Visiblement, c'était quelqu'un de timide... - Si ce n'est pas trop indiscret... Avez-vous un homme dans votre vie ? Je n'eus pas de réponse avant plusieurs minutes. Son visage se renferma quelque peu, puis elle m'esquissa un sourire maladroit, et que je voyais forcé. - Si vous parlez d'un homme pour lequel on nourrit un sentiment d'amour passionnel autre que celui dicté par le lien du sang, non. À ce mot, elle dirigea son regard vers le bas, et semblait contempler ses mains. Comme une lueur de dégoût traversa ses yeux pourtant si purs. Je pouvais lire dans son visage un sentiment d’amertume et de regret. Je ne voulus pas lui poser plus de questions, de peur de l’ébranler. Telle qu'elle était à cet instant, elle semblait très éloignée de moi, malgré les quelques centimètres qui nous séparaient... Il y eut un long silence. C'est qu'elle ne parlait pas beaucoup, cette fille. Mais plus je la regardais, plus elle me faisait penser à une sorte... d'allégorie de la sérénité. - Il y a-t-il une raison particulière pour laquelle vous vivez seule ? - J'apprécie d'être seule. Malgré tout, je ne suis pas contre un peu de compagnie, certes, mais disons que je préfère les relations superficielles, où les défauts ne sont pas trop apparents... De plus, je ne suis pas très douée pour parler aux gens...- Pardon de ma curiosité, mais est-ce la raison pour laquelle vous n’avez pas de compagnon ?- J’ai mes raisons. Je vous prie de m’excuser… Vous savez, il n’y a pas si longtemps de cela, j'adorais parler à tout le monde, tellement que j'en avais l'habitude de dire tout et son contraire en l'espace de quelques secondes. Et puis j'étais très possessive, aussi. Facilement jalouse. Mais je gardais ça pour moi, même moi je trouvais cette jalousie déplacée. Je voyais le monde comme un vaste terrain d'échange, et je ne me laissais jamais abattre contre ce que je jugeais être mal. Et puis avec le temps, je me suis assagie, et j'ai quelque peu perdu ma volonté...Mais j’ai gardé ma maladresse de l’époque. - Si vous avez perdu en volonté, c'est que vous deviez être quelqu'un, à l'époque... Elle me sourit de nouveau, d'un air peu convaincu par ce que je venais de dire. Elle semblait ne pas avoir une très haute estime d'elle-même... - Et vous soignez les gens que vous rencontrez...? - Oui. - Pourquoi ? - Pour moi, personne ne mérite d'être délaissé, quoi qu'il ait fait par le passé. Alors j'aide les gens. Et en quelque sorte, ça me permet... de me sentir mieux moi-même. - Vous devriez vraiment avoir un peu plus confiance en vous... - Si vous saviez combien de fois je me suis dis ça... Au final, ça n'a pas grande importance, j'aime la vie que je mène. Elle avait dit ça en riant. Je ne pouvais détacher mes yeux de sa silhouette, si frêle, si discrète... - Vous n'avez jamais rencontré de personne malintentionnée ? Je veux dire, comment vous faites pour vous défendre ? - J'ai étudié l'escrime lorsque j'étais plus jeune. Mais je n'aime pas beaucoup m'en servir. - Vraiment ? Elle hocha la tête. - Dur d'y croire, n'est-ce pas ? Je n'ai certainement pas la carrure d'une épéiste. - Dites-moi... Est-ce que par hasard vous auriez une quelconque ascendance de haute lignée ? Je n'eus aucune réponse. Elle se tut, et je préférai faire de même. Ainsi, nous étions restés cloîtrés plusieurs heures dans notre silence, côte à côte... La pluie cessa, et nous décidâmes de chacun reprendre notre route. Dehors, il faisait toujours aussi chaud. Il y avait juste cette impression de lourdeur, cette désagréable humidité qui s'étaient rajoutées. Je crevais de chaud, tandis que la jeune femme, elle, restait insensible à cette chaleur malgré qu'elle fût couverte des pieds à la tête. Je la suivis presque machinalement, sans me rendre compte que je devais partir de l'autre côté. Soudain, je vis une ombre surgir des buissons et la plaquer à terre. Presque au même moment, je sentis une présence derrière moi... On me frappa dans le dos, et je fus obligé de détacher mon attention de celle qui m'accompagnait malgré tout le souci que je me faisais pour elle. Quelques minutes plus tard, sans grande difficulté et à mains nues, je réussis à maîtriser mon agresseur. De son côté, la demoiselle était prête à achever la lutte. Je vis son épée retomber sur l'homme à terre... Pour se planter au sol. La jeune femme sourit, puis se pencha pour ramasser quelque chose. Une sorte de médaillon, qu'elle remit au vaincu. - Vous devriez y faire plus attention. Puis elle se retourna, me faisant signe de la suivre. Nous repartîmes, laissant derrière nous nos deux assaillants. Après quelques minutes de marche, nous nous séparâmes, et, me rendant compte que la suivant, je m'étais trompé, je rebroussai chemin. Je pris le risque de revenir à l'endroit où nous avions été attaqués, mais personne ne s'y trouvait plus. Juste un petit carnet, dans la boue... Il me semblait l'avoir aperçu dans le sac de la jeune femme. Et elle qui disait aux autres de faire attention à leurs affaires.... Quelle étourdie. Cette jeune femme avait attisé ma curiosité. Je voulais absolument en apprendre plus sur elle, son passé. Moi qui disais toujours "Mêlez-vous de la vie des autres !" ou des trucs dans le genre, je me sentais presque honteux de vouloir tant m'immiscer dans son vécu. Durant tout mon trajet, ce carnet m'occupait l'esprit. Je ne parvenais pas me changer les idées, et j'étais focalisé dessus. Et chercher cette femme afin de lui rendre ce qui lui appartenait ne me traversa même pas l'esprit...
Fatigué, je m'assis au bord d'un lac et pris une gorgée d'eau. Je n'avais pas la foi de reprendre la route, surtout que la lune commençait à se lever… Je posai ma sacoche sur mes genoux, et sortis le cahier que j'avais ramassé. J'en séparai les premières pages collées par la terre, et commençai ma lecture.
- Aujourd’hui, mes parents ont jugé que ma sœur Leanne était en âge de se fiancer. Je fus très contrarié par cette décision, d’autant plus que je ne connaissais pas la personne à qui elle était promise. Un certain Lekain, fils d’amis de longue date. Je suis, très attaché à ma sœur, je ne voudrais pas qu’elle soit entre de mauvaises mains. Je souhaite juste que ce soit quelqu’un qui saura la respecter et prendre soin d’elle comme il le faut. Pour cela je ne m’inquiète pas trop, car je sais à quel point mère et père aiment Leanne et savent qu’elle est fragile. Je me demande juste comment elle va recevoir cette déclaration… Après tout, elle est bien jeune, et garde encore son esprit enfantin et innocent. De toute manière, je doute qu'elle en fasse toute une histoire, Leanne est quelqu'un d'obéissant et dévoué. La personne qui risque le plus de s'énerver de cette affaire, c'est surtout moi.
- "Ne vous faites surtout pas de souci, Rafiel. Je suis sûre que père et mère ont fait un bon choix, et quel qu'il est, je leur fais confiance. Je vous avoue que je ne suis pas très enjouée à l'idée de me fiancer, mais cela est loin d'être repoussant, rassurez-vous. ", c'est ce qu'elle m'a dit avec un grand sourire. Mais elle était angoissée, cela se voyait nettement. Je fis mine de croire à son indifférence, et entrai dans la salle où se trouvait ce Lekain. Lekain est quelqu'un avec un visage assez doux, mais loin d'être chétif. Certes un peu timide, mais Leanne a su le mettre en confiance. Il semble très loyal et attaché aux us et coutumes, et Leanne m'a dit qu'elle avait vu que ce n'était pas une mauvaise personne. Je me sens un peu mieux maintenant, voyant qu'elle et lui s'entendent plutôt bien.
Je stoppai ma lecture. Cette jeune femme, que je supposais être Leanne, avait donc un homme auquel elle était fiancée ? Plus je parcourais les pages, plus je voulais en apprendre sur cette histoire, que, je sentais avoir une mauvaise fin...
- Lekain est beaucoup plus ouvert qu'auparavant, mais toujours aussi attaché aux traditions de chez lez anges, jusqu'aux plus stupides d'entre elles. Mais cela ne semble pas importuner Leanne, qui se soucie plutôt de notre combat contre ces êtres répugnants, les démons. Elle se sent coupable de ne pouvoir rien faire, et trépigne d'impatience pour avoir de nouvelles informations. Elle a toujours été comme ça, impliquée dans les choses, et à toujours vouloir rétablir un équilibre et une justice dans le monde. La connaissant, je suis sûr qu'elle pense que tout cela est inutile et qu'elle désire par-dessus tout la paix. Cela se voit d'autant plus, d'ailleurs, à la moue qu'elle fait à chaque fois qu'on lui dit qu'éradiquer le mal est nécessaire, et à chaque long discours pontifiant de Lekain sur le devoir des anges. Sur ce point, ces deux-là sont aux antipodes.
- Aujourd'hui, Leanne a quitté la table, visiblement très touchée par les batailles incessantes et par le fait de devoir restée cloîtrée comme si de rien était. Elle est montée sans un mot dans sa chambre, et n'en ressortit pas depuis. J'espère qu'elle ne restera pas dans cet état trop longtemps, sa bonne humeur manque. De mon côté, je ne sais pas quel parti prendre. Leanne n'a pas reçu la même éducation que la mienne, et contrairement à moi, on ne lui a jamais inculqué ces notions que l'on a chez nous du Bien et du Mal, et je trouve ses opinions pas si infondées que tout le monde le pense. Peut-être devrais-je aller lui parler... Quand elle sera calmée, je le ferai. Lui parler alors qu'elle est comme ça ne sert strictement à rien.
- ... Je ne sais pas comment dire ça. Leanne a disparu. Depuis le moment où elle est rentrée blessée dans sa chambre, elle n'en est pas sortie, si bien que cela en devenait inquiétant. Voilà pourquoi, quelques heures auparavant, mes parents décidèrent d'envoyer quelqu'un pour vérifier que tout allait bien. Mais à leur grande surprise, la chambre était vide, Leanne n'était plus là. Sa grande fenêtre était ouverte, et toute la chambre était rangée, suggérant un départ volontaire de sa part. On eut beau chercher, on ne la trouva pas. Père et mère sont désespérés, et craignent qu'elle soit partie dans quelque endroit dangereux grouillant de démons dans le but de parler avec eux. Lekain est parti à sa recherche dans tous les endroits qu'il sait être probable de l'y trouver, tandis que moi, je suis cloué au lit à cause d'une fichue maladie.
- On a toujours pas retrouvé Leanne. Naïve comme elle est, j'ai peur qu'elle se soit fait duper par un démon.De plus, je sais que même si tous les défauts du monde étaient réunis en une seule personne, elle ne voudrait pas le mettre à l'écart, ne serait-ce que parce qu'elle pense que chacun est né comme il est avec des prédispositions à changer, ou pas, et que le reste est question de chance dans la vie de chacun. Que tout dépend des événements auxquels les gens seront confrontés, des rencontres qu'ils vont faire. Au final, dans sa tête, ma soeur a totalement annihilé la notion de faute. Son opinion des choses est totalement différentes de celle de la plupart des gens, y compris la mienne. Mais son point de vue m'inquiétait, car il la pousse à ne pas vouloir s'écarter du danger. Aussi prie-je sans cesse pour qu'elle revienne au plus vite.
- Cela fait longtemps que je n'ai pas écrit ici. Pourtant, depuis, Leanne n'est pas revenue, et tout le monde a perdu espoir de la revoir. Moi, j'ai, de mon côté, entamé un voyage dans le monde des humains, Emrys. Les affaires entre démons et anges se sont quelque peu calmées, et ma maladie s'est un peu mise en retrait, alors j'en ai profité pour essayer de découvrir la culture humaine, qui a toujours intéressé ma soeur. Tout est différent dans ce monde, je ne reconnais pas grand chose de l'endroit où j'ai toujours vécu. Tout est différent, mais pourtant similaire... J'ai appris beaucoup de choses, et, au final, ai développé un certain attachement à ce monde si imparfait.
( https://www.youtube.com/watch?v=Mrgh4eK9e5Q& )
- Cette nuit, j'ai miraculeusement retrouvé Leanne, recroquevillée derrière un arbre, encore plus maigre que normalement, arborant un visage horrifié. Mais à l'instant où je me précipitai pour la couvrir et la prendre dans mes bras, je sentis comme une étrange sensation peu ragoûtante venant d'elle. Quelque chose de sale, une empreinte malsaine. Cet éclat si pur que l'on percevait tous en elle avait disparu. J'avais peur de comprendre ce qu'il s'était passé... Mais je fis comme si de rien était et la pris dans mes bras pour la réconforter. Son corps était gelé, elle était totalement décoiffée, ses ailes si blanches étaient devenues ternes, et son teint était celui d'un macchabée, me laissant soupçonner qu'elle avait passé plusieurs nuits dehors. Que vais-je dire aux autres ? Mieux vaut pour l'instant que je reste auprès de Leanne, et que je ne dise à personne que je l'ai retrouvée, et que je recommence à me soigner... Je recommence à sentir les symptômes de ce mal qui me rongeait il y a peu, mais pour l'heure, Leanne est la priorité.
- Leanne reprend un peu d'allure, et commence à prononcer quelques mots. Mais cette empreinte émanant d'elle ne veut pas se dissiper, quoi que je fasse. Je crois qu'il est nécessaire que je reparte d'Emrys, mon absence commence à se faire longue, et je sens que mon corps ne pourra pas résister encore très longtemps. Mais Leanne a catégoriquement refusé de revenir auprès de nos parents et nos congénères. Elle se fait sûrement trop de souci... Pour moi, même si elle a été souillée, Leanne reste la petite soeur que je chérissais. Je vais essayer de la convaincre que c'est la même chose pour tous, et puis il est inconcevable que je reparte sans elle, ou que je reste indéfiniment dans ce monde. Soit je l'abandonne, soit tout le monde découvre la vérité. Le choix est aussi simple que ça, et je l'ai déjà fait... Même s'il va à l'encontre de ce que veut ma soeur.
- Cela fait déjà plusieurs mois depuis la dernière fois. Leanne va bien mieux, même si elle est beaucoup plus renfermée, calme, et mélancolique qu'autrefois. Mais ça, je suppose que je ne peux rien y faire... J'ai réussi à la convaincre de retourner auprès de père et mère. Elle m'a dit ne pas vouloir leur faire de peine en revenant dans cet état, qu'elle avait remarqué que j'allais mal, qu'il fallait que j'aille me soigner, et de l'abandonner s'il le fallait, mais j'ai réussi à mettre de côté ces doutes qu'elle avait et la persuader que tout se passerait bien. Je vois bien qu'elle reste anxieuse, mais c'est pour son bien, j'en suis convaincu.
- Qui est le plus naïf de nous deux ? Leanne, ou moi ? Par ma faute, par ma pensée que tout irait parfaitement bien, dans ce monde que l'on qualifie de si parfait, Leanne souffre terriblement, même si elle essaie de me convaincre que non. Mère a violemment rejeté l'idée que Leanne ait été souillée, a refusé de l'approcher, et semble très blessée par cette annonce. Elle ne sort plus, ne sourit plus. Père, lui, a autorisé Leanne de rester dans notre demeure, mais je vois bien que lui aussi fait tout son possible pour l'éviter. Cependant, la réaction la plus violente fut de loin celle de Lekain, qui est allé jusqu'à la frapper de tout son soûl, pour aller ensuite se purifier. Et les mésaventures de Leanne se sont répandues comme une traînée de poudre. Plus personne ne l'approche, et les piques proférées à son attention sont nombreuses et ouvertement faites. "Que c'est dégoûtant, elle a fricoté avec des démons ! Regardez ses parents qui en étaient si fiers, qui la vantaient tant, ils avaient finalement tort !" est ce qu'on entend le plus souvent. Et même des rumeurs infondées se mêlent à tout ça, telles que "à ce qu'il paraît, elle a même été engrossée, mais on a réussi à arrêter le désastre avant la naissance du monstre." ou "elle était amoureuse d'un démon et voulait rejoindre l'ennemi, je le sais de la cousine de l'ami de l'ami du grand-père du beau-père de mon frère.". À ces remarques, je réagissais toujours pareil, je m'emplissais de haine envers ceux qui les disaient. Mais à chaque fois, Leanne se contentait de m'arrêter avec un sourire triste et sa phrase fétiche, "C'est inutile, laissez-les dire. Après tout, c'est de ma faute, non ? Je n'aurais jamais dû partir, je suis punie, c'est tout.", à laquelle je voulais toujours répondre en criant que ce n'était pas vrai, mais sa simple vue m'en empêchait. À quoi bon, elle n'avait, au fond, pas tellement changé. Elle ne me croirait pas. À force de toujours rester avec elle, ma réputation commence à se dégrader, et Leanne me répète à chaque fois de la laisser, si bien que je voulus me plier à ses désirs à maintes reprises. Mais lorsque je regarde son état physique et mental, les blessures qu'elle a sur le corps, je me résigne.
- Leanne a pris une décision, par elle-même. Elle veut repartir dans le monde des humains, dans cette forêt où je l'avais trouvée. J'y fus d'abord farouchement opposé, mais elle était convaincue que c'était ce qu'il fallait faire, et ne semblait pas vouloir changer d'avis. Alors j'ai accepté. Mais je ne vais pas la laisser une nouvelle fois sans protection...
- "Vous m'avez assez couvé comme ça, Rafiel. Vous n'avez plus besoin de vous préoccuper de moi. Merci pour tout, et je vous demande pardon d'avoir été un poids pendant cette dernière année. Donnez la priorité à votre mal, je vous en prie." sont les mots qu'elle a prononcés à son départ. Elle m'a encore fait ce sourire auquel je ne croyais pas, mais cette fois, j'y perçus une pointe de réconfort. Alors je l'ai laissée partir. Elle ne s'est pas retournée une seule fois, et tous semblaient heureux de la voir partir, mis à part peut-être père qui priait pour que le destin lui soit favorable. Mais malgré cela, je fus le seul à lui dire adieu.
- Je reprends ma plume pour la première fois depuis longtemps. Je ne me sens pas assez fort pour écrire, ces derniers temps... Mais j'ai reçu une lettre de Leanne, qui m'a redonné un peu de courage.
" Cher frère,
J'espère que vous allez mieux, et que mon départ ne vous a pas causé de peine. Je suis toujours infiniment désolée d'avoir accaparé votre attention pendant une longue année, et je ne sais pas combien de fois je dois vous dire merci. De mon côté, tout se passe bien. Je vis dans une contrée tranquille d'Emrys, la forêt de Serenes. Il y fait toujours frais et bon vivre, et je me sens bien. C'est grâce à vous. Les membres de la guilde voisine, Eden Wings, me prient de rejoindre leur guilde, c'est amusant. Mais ce n'est pas ce que je veux. Après tout, il est question de chasser de pauvres gens uniquement jugés coupables d'être nés tels qu'ils sont. Cette culture des différences est vraiment étrange, et j'espère vivement qu'elle disparaîtra prochainement. Je vous promets de faire tout mon possible ! Mais pour l'instant, la seule chose que je parviens à faire est de soigner ceux qui se présentent à ma porte. C'est peu, mais si vous saviez quel bonheur cela m'apporte !
Je suis heureuse.
Je vous aime, de tout mon coeur. Dites à père, mère, Lekain, et tous les autres que je les aime. Merci. "
« Je suis heureuse. Je vous aime. » Six mots. Six mots simples, capables d'éveiller en moi le plus grand des bonheurs, et une paix qui me semblait inébranlable.
Et ainsi se termina le carnet.
Une silhouette, que l'on devinait féminine, pénétra dans la demeure. La jeune femme, blonde, et aux deux ailes blanches, prit le carnet posé sur sa table. Elle sourit, le reposa, et serra contre son coeur le mot qui avait été joint avec.
« Re-bienvenue à la maison, Rafiel. » « L'homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d'un plus grand nombre d'autres. » Diderot.
Dernière édition par Leanne de Serenes le Ven 26 Juil - 18:38, édité 1 fois | |
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